Aujourd’hui, l’Alliance suisse pour l’interdiction des armes nucléaires a déposé auprès de la Chancellerie fédérale à Berne plus de 135 000 signatures valables en faveur de l’initiative populaire demandant l’adhésion de la Suisse au Traité des Nations Unies sur l’interdiction des armes nucléaires (TIAN). Une question fondamentale de politique extérieure et de sécurité est ainsi soumise au peuple : la Suisse doit-elle adhérer à l’interdiction internationale des armes nucléaires ou continuer à rester en marge?
Le TIAN est entré en vigueur en 2021 et interdit les armes nucléaires en droit international. Il comble une grande lacune du droit international humanitaire: les armes nucléaires sont désormais explicitement interdites comme les autres armes de destruction massive. La Suisse a participé aux négociations du traité, soutenu son adoption à l’ONU en 2017, et le Conseil national ainsi que le Conseil des États ont appelé le Conseil fédéral à y adhérer en 2018 par des majorités claires. Malgré cela, le Conseil fédéral refuse toujours de signer le TIAN.
Ce refus intervient alors même que la situation sécuritaire se détériore. Dans la stratégie de politique de sécurité présentée en décembre 2025, le Conseil fédéral qualifie lui-même les armes nucléaires comme l’une des plus grandes menaces actuelles et constate que le risque d’escalade nucléaire est aujourd’hui plus élevé que depuis des décennies. Il souligne en parallèle que la sécurité de la Suisse est mieux garantie dans un monde où le pouvoir est limité par le droit et où le droit international humanitaire est renforcé.
Une enquête d’opinion représentative menée en novembre 2025 montre en outre un large soutien démocratique à l’initiative : 72 % des personnes ayant le droit de vote se prononcent en faveur de l’adhésion au TIAN, avec des majorités dans tous les partis politiques et sans clivage entre villes et campagnes ni entre régions linguistiques.
Annette Willi, d’ICAN, souligne la portée sécuritaire de l’initiative :
« Le Conseil fédéral décrit lui-même les armes nucléaires comme étant une menace existentielle et propose d’y répondre en misant sur le droit international. Le TIAN est justement l’instrument le plus pertinent pour mettre cette stratégie en œuvre de manière crédible. »
Du point de vue de GSsA, la situation est tout aussi claire, selon Joris Fricker :
« Cette initiative montre que le soutien pour l’interdiction des armes nucléaires est largement ancré dans la population. La Suisse ne possède pas d’armes nucléaires, n’a pas l’intention d’en acquérir et n’est pas impliquée dans la dissuasion nucléaire – il n’y a donc aucune raison objective de rester à l’écart de cette interdiction. »
Avec le dépôt de l’initiative, la décision appartient désormais à la population. L’Alliance est convaincue qu’une adhésion au TIAN constituerait la poursuite cohérente de la tradition humanitaire, neutre et fondée sur le droit international de la Suisse.